Le
monde de Naktokwi est issu, dans son peuplement et sa langue, d'une
théorie ― encore marginale ― qui rejette les modèles les plus
communément admis. A la migration massive d'agriculteurs du
néolithique ou à l'invasion d'une population guerrière de l'âge
du bronze, la Théorie de la continuité paléolithique¹ oppose une
vision plus stable du peuplement européen.
S'appuyant
sur des données linguistiques et génétiques, et sur le manque
d'évidences archéologiques propres à étayer les autres théories,
elle propose une continuité locale et ininterrompue des populations
et des langues indoeuropéennes depuis le paléolithique. A la fin de
la dernière glaciation, il y a quelque dix mille ans, les hommes
ont progressivement reconquis l'espace européen du sud vers le nord.
C'est alors ― dès lors ― que ce serait faite la différenciation
ethnique et linguistique.
Cette
théorie a guidé l'élaboration de ce roman, dans l'appréhension
globale du milieu comme en certains points plus précis. Ainsi du récit des temps anciens qui ouvre le roman. Ainsi des
noms, qui s'inspirent ― sans aucune rigueur linguistique ! ―
de racines indo-européennes détournées vers leur devenir
nordique. Ainsi de l'expansion tranquille de l'agriculture, phénomène
plus technique et idéologique que démographique.
¹
Théorie énoncée par le linguiste italien Mario Alinei dans «
Origini delle lingue d’Europa », Bologne 1996-2000 |
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